Si t’es différent, comme tu dis, il va falloir que tu t’assumes, et que tu assumes toutes les conséquences qui viennent avec, et que tu arrêtes d’attendre après la société pour qu’elle t’apporte des droits et l’égalité, parce que la seule chose qu’elle nous apporte, la société, en réalité, c’est la division et le conflit, c’est des pseudo-combats de merde pour des oppressions artificielles.
Tu ne te rends pas compte que plus tu vas te battre pour des « droits » imaginaires, plus ceux-ci vont être bafoués, que plus t’essayes d’améliorer le monde dans ce sens, plus la société s’effrite ? Que plus on impose l’égalité en principe, plus la société se divise en réalité ? Que plus on réprime les points de vue antagonistes, plus ils s’expriment avec violence ? Tu ne vois pas que l’idée de progrès qu’on essaie de te faire gober mène tout droit à la dictature de la pensée, à la division et au chaos généralisé ?
Ton besoin d’émancipation, il est bien réel, ton sentiment d’être réprimé, réduit à une chose, dévalorisé, il est bien réel : c’est la condition de milliards d’entre nous, à des degrés divers, certes, mais cette diversité s’explique par la situation économique – indépendamment du sexe et de la couleur de la peau – et analyser le système qui crée l’oppression pour y trouver des corrélations dans le but de rendre ce système plus juste, c’est jouer aveuglément le jeu du système, un système tout entier basé sur l’exploitation, sur l’oppression, sur la division, qui ne peut tout simplement pas s’en passer, qui est condamné à tout réduire, la nature comme les hommes, l’eau comme le CO2, en marchandises échangeables sur le marché : ressources, main d’œuvre, crédits carbone, animaux, hommes, femmes, enfants, bébés, fœtus et embryons humains, etc. Même ta foutue « identité de genre » est un prétexte à l’ouverture de nouveaux marchés !
Pourquoi, penses-tu, le système donne autant de visibilité aux revendications des minorités ? Pourquoi, penses-tu, l’ opinion officielle se raidit en ta faveur, tout en vilifiant avec emphase toutes les manifestations de dissidence qu’elle puisse trouver ? Le système, sa Justice est ravie de t’accorder tous les droits que tu réclames, c’est sa spécialité : accorder des droits qui divisent les exploités pour que les exploitants puissent continuer, coûte que coûte, à jouir tranquillement de leurs droits universels de propriété, de pillage organisé des ressources et de pollution systématique de la nature ; c’est même la spécificité historique de l’institution du Droit.
Mais voilà, tu ne sembles pas connaître grand-chose à l’histoire des luttes sociales, toi qui réclames de droits pour ta petite personne, sans te surprendre qu’on s’empresse de te les accorder aussitôt.
Tu es l’individu-roi, nouveau Deus ex machina, au royaume de la société sclérosée, tu ne te rends pas compte d’être le pantin d’une classe dirigeante qui ne cherche qu’à diviser, monter les uns contre les autres dans des luttes vaines qui ne les menacent surtout pas eux, qui ne remettent jamais en cause les rapports effectifs de domination sur lesquels leur puissance repose.
Et ce faisant, en te réduisant toi-même à un simple individu, en réduisant le problème de ton émancipation à une simple question d’identité, tu te condamnes, et tu condamnes toute la société avec toi – et les humains à venir – à n’être plus définitivement que des marchandises librement échangeables sur le marché des commodités humaines.
Textes relativement récents :
Un appel à la dissidence critique (30 juin 2020)La disparition, ou l’angoisse du monde (2 juillet 2020)Quelques vraies questions à l’adresse des anti-sceptiques (7 juillet 2020)Denise Bombardier (7 juillet 2020)Résister (en trois temps) (20 juillet 2020)Phases-clés (28 juillet 2020)Au-delà du vrai et du faux : sur la vérité du mensonge (28 juillet 2020)Quelques vieilles réflexions…
Sur la terreur (29 février 2020)La Crue de la vérité (The Tide) (5 mars 2020)La Disparition (5 mars 2020)Aux petit.e.s opprimé.e.s (8 mars 2020)Progression rampante de la droite ou rétrécissement idéologique de la gauche ? (20 mars 2020)About to Collapse (c’est le printemps !) (20 mars 2020)
Like this:Like Loading…Partager :